Architecture de l’Eglise

Certains aiment l’appeler « la chapelle »,  mais dans l’Observatoire du Patrimoine religieux  St Martin de Gasparets  est notée « église paroissiale ».

De même  sur la carte du diocèse de Narbonne dressée par « Guillaume Lafont, rectifiée par Guillaume de L’Isle…Paris, G. de L’Isle, 1704 » on remarque que Gasparets et Boutenac sont toutes deux pareillement  signalées en tant qu’église.

Le mot chapelle vient du fameux manteau de Saint Martin, qu’on appelle aussi chape (du latin capa), alors… !

La première mention de l’église apparait dans un document de 1119 du Gallia Christiana  et l’inventaire Roques la cite avec la date de 1177 (cf. rapport de Roger HYVERT, inspection des monuments historiques du 27 avril 1948, annexe 9)

-Descriptif-

L’église de Gasparets  qui domine la vallée de l’Aussou, est une église rustique du XIIème siècle, de style roman.

Une construction fort simple, tout au moins en l’état actuel. De forme rectangulaire, présentant deux parties.

Plan Extérieur

Une  sacristie prolonge le chœur : ces deux  espaces  édifiés à des époques différentes, la plus ancienne apparaissant comme étant le chevet.

Trois ouvertures étroites dans les murs d’une épaisseur de plus d’un mètre  lui donnent un air de forteresse. Elle pouvait ainsi être un refuge pour les villageois proches.

Plan Intérieur

L’intérieur est très sobre, principalement en raison  du  revêtement blanc  qui recouvre les pierres des murs mais il s’agit bien d’une litre, avec, au dessus, des croix de dédicace (consécration de l’église).

La litre est généralement chargée, tout au long de son parcours, des armoiries du défunt à la mémoire duquel ladite litre a été peinte. Le cas de Gasparets, sur ce point, paraît intéressant.

Une dalle funéraire, au milieu de la nef, porte des inscriptions difficilement lisibles.

On doit à M. CABAUSSEL, longtemps enseignant à Gasparets, la retranscription de celles-ci (cf. annexe 10, 11). Une seconde  sépulture se trouvait dans le chœur. Elle est actuellement  recouverte d’un dallage des plus disparates.

Au fonds de l’église  se trouve une grosse jarre considérée comme wisigothique, sans décoration qui servit  de fonds baptismaux.

M. PERRET écrit à ce sujet (Fiche BOUTENAC n°2) : « cette cuve est en pierre. Sa forme est celle d’un ventre de Dolium du type du BENITIER du IXe (d’après Lasteyrie) de St ANDRE de SOREDE… »

L’autel était surmonté d’un tableau d’époque Renaissance et d’école espagnole, représentant St Martin, qui a été dérobé en juin 1984.

Roger HYVERT décrivit ainsi l’église dans son rapport d’inspection de 1948 :

« Édifice rectangulaire. Il se compose de 2 parties. Une nef élevée, vouté, à l’intérieur on voit nettement le manque de liaison entre ces 2 parties dont la plus ancienne est le chevet. Arc triomphal brisé, épais de 48cm. En arrière, construit à une époque récente un mur cintré, délimitant une petite sacristie. Les murs latéraux sont très épais. Les parements sont entièrement appareillés et avec soin (des enduits partiels masquent ou altèrent l’aspect de cet appareil. Les assises mesurent 18 à 22cm, parfois davantage quand les éléments sont posés en débit ( ?). une corniche en cavet et .. ?.. surmonte les murs de la nef et du chevet à l’extérieur. A l’intérieur la corniche limitée à la nef, à 5 m du sol, a pour profil un boudin, une petite gorge et un listel. La voûte prend naissance à la pleine assise au-dessus de ce bandeau.

Fenêtre : chevet éclairé par une fenêtre au sud, les deux baies qui existent au nord ont été murées. Deux autres fenêtres éclairent la nef au sud. Soit au total cinq baies, toutes à simples ébrasement vers l’intérieur. Au dehors ce sont des fentes plus hautes à la nef qu’au chevet,  couvertes chacune d’un linteau échancré en plein cintre. L’une des baies a été agrandie à l’extérieur, oculus récent à l’est du chevet, aussi oculus, muré, entre nef et chevet.

Porte : elle s’ouvre au sud sous un arc en plein cintre, composé de sept claveaux longs, l’arrière voussure est en plein cintre.

Tombe : dans l’axe de la nef, vers le fond, une dalle funéraire en grés porte des traces d’inscriptions du XVIe ou XVIIe siècles

Cuve baptismale : dans l’angle Sud-Ouest grande cuve ovoïde haute de 96cm.

Façade Ouest : présente à la base une porte murée, encadrement refait et sans caractère. Le pignon est surmonté par un petit clocheton à 2 baies en ligne. Ce clocheton ne parait pas antérieur au XVIème »

On doit à M. CABAUSSEL , très attaché à l’histoire de ce coin des Corbières, une description intéressante et toute imagée et personnelle de l’église : « …c’est un bâtiment de dimensions assez modestes (23m sur9m) qui jouxte le cimetière de Gasparets et auquel la vigne et le cyprès confèrent une note très méditerranéenne. Elle est caractéristique du second âge roman (XIIe siècle) avec ses pierres bien taillées et bien ajustées (malheureusement le grés est par endroits attaqué par l’érosion), son clocher arcade à deux niches, sa voûte massive en berceau brisé sans doubleaux, sa corniche et portail en plein cintre soigneusement appareillés et ses ouvertures rares et étroites, en fait de véritables meurtrières. Comme toutes les églises romanes de cette époque, elle possède à l’ouest une porte des morts aujourd’hui fermée… l’église de Gasparets a été précédée par une église beaucoup plus ancienne, sans doute carolingienne et peut-être même wisigothique. En effet à Gasparets un cimetière wisigothique a été découvert tout à côté de l’église. On distingue très bien extérieurement, cette église ancienne, grossièrement construite, toute petite (6m sur 4m) et à chevet plat comme toutes les églises de cette époque. Elle a été élargie, percée d’un oculus et intégrée dans l’église actuelle mais elle n’en forme que la sacristie.

L’église du XIIe siècle communique avec cette sacristie par un arc triomphal, arc brisé et bien appareillé. Elle est de construction bien plus soignée, plus haute et beaucoup plus large que l’église primitive qui n’était en fait qu’une simple chapelle.

A l’intérieur on remarque une ancienne cuve baptismale en pierre, massive et monolithique et une pierre tombale dans l’allée centrale de la nef. Sommairement et maladroitement gravée, elle indique qu’il s’agit de la sépulture d’un moine d’origine noble décédé en mars 1602.

L’église St Martin de Gasparets desservait la paroisse de Gasparets supprimée à la Révolution.

Des précisions sont nécessaires quant à ce texte :

– la Porte des Morts des églises romanes était  située souvent dans le mur nord (le Nord étant le royaume de l’ombre donc des Morts). Elle donnait accès au cimetière attenant à l’église. Or on distingue bien côté nord un encadrement des pierres caractéristique d’une porte, et on a bien découvert des sépultures contre ce mur.  Il y aurait eu deux portes des morts à St Martin.

– il n’y est pas fait mention de la frise à mi-hauteur du mur intérieur sud, cachée sous le crépi blanc actuel, qui apparait nettement et pourrait continuer sur les autres murs. Y apparait un symbole gris sur fonds noir et gris entouré d’un cercle jaune. D’autres éléments décoratifs circulaires, plus grands, surmontent  le premier et se retrouvent aussi sur le mur Nord.

Pour ce qui est d’un lien avec les wisigoths il peut être conforté par la présence dans le cimetière d’un cippe antique qui peut dater de cette époque.